Notes : Ligne 8 : oncle imaginaire Ligne 11 : le timbre de France. Le décret du 24 août 1848, dans son article 5, autorise la vente par l’Administration des Postes « au prix de 20 centimes, 40 centimes et 1 franc, des timbres ou cachets dont l’opposition sur une lettre suffira pour en opérer l’affranchissement. L’apparition de ces timbres est »Cérès » pour les philatélistes et «République » pour l’Administration. Il porte la mention « Répu[blique] Franç[aise] ». Ligne 21 : Saint-Etienne, la cathédrale de Vienne sur la Stéphans Plätz Ligne 22 : Alexandre Weill, journaliste (1811-1899) dont le séjour à Vienne en 1840 coïncida avec celui de Gérard de Nerval.Il a publié des souvenirs sur Nerval en 1881 Ligne 29 : Rosa, âgée de dix-huit ans, maîtresse d’Alexandre Weill, mourut tragiquement Théâtre de Léopoldstadt : Léopoldstadt, quartier au nord-est de Vienne Ligne 31 : le Rothenthor ou Rothenturmtor : Vienne possédait huit portes.La porte Rouge était située dans le faubourg de Léopoldstadt. |
[Folio 4]
Chacun de ces mots m'entraient au cœur comme une épine. Un rendez vous, un rendez vous positif pour le lendemain premier jour de l'année, et en habit noir encore. Et ce n'était pas tant l'habit noir qui me désespérait, mais ma bourse était vide — Qu' elle honte ! Vide hélas ! Le propre jour de la Saint Sylvestre !... Poussé par un fol espoir, je me hatai de courir à la poste pour voir si mon oncle ne m'avait pas adressé une lettre chargée. O bonheur ! On me demande deux florins et l'on me remet une épitre qui porte le timbre de France. Un rayon de soleil tombait d'aplomb sur cette lettre insidieuse. Les lignes s'y [croisaient, biffé] suivaient impitoyablement sans le moindre croisement de mandat sur la poste ou d'effet de commerce. Elle ne contenait de toute évidence que des maximes de morale et des conseils d'économie. Je la rendis en feignant prudemment une erreur de gilet et je frappai avec une surprise affectée des poches qui ne rendaient aucun son métallique ; puis je me précipitai dans les rues populeuses qui entourent Saint-Étienne. Heureusement j'avais à Vienne un ami. C'était un garçon fort aimable, un peu fou comme tous les allemands [très savant sur, biffé], docteur en philosophie et qui cultivait avec agrément quelques disposi tions vagues à l'emploi de ténor léger. Je savais bien où le trouver, c'est à dire chez sa maîtresse une nommée Rosa, figurante au théâtre de Léopoldstadt. Il lui rendait visite tous les jours de deux à cinq heures. Je traversai rapidement la Rothenthor, je montai le fau bourg, et dès le bas de l'escalier, je distinguai la voix de mon compagnon, qui chantait d'un ton langoureux : |