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| | [ traversant la place de Saint Étienne je fus reconnu par une bonne
vieille décrotteuse qui me cria, selon son [usage, biffé] habitude :
S.... n.. de D... ! seul mot français qu'elle eût retenu de [un mot biffé,
illisible] l'invasion impériale. Cela me fit [songer à la
représentation du soir, car autrement je serais allé m'incruster dans quelque
stalle du théatre de la porte de Carinthie, où j'avais l'usage d'admirer
beaucoup Mlle Lutzer. Je me fis cirer, car la neige avait fort détérioré
ma chaussure. Une bonne tasse de café me remit en état de
me présenter au palais ; les rues étaient pleines de Lombards, de Bohèmes
et de hongrois en costumes. Les diamans, les rubis et les opales étincelaient
sur leurs poitrines et la plupart se dirigeaient vers la Burg pour
aller présenter leurs hommages à la famille impériale. Je n'osai me mêler
à cette foule étincelante, mais le souvenir chéri de l'autre [Sophie,
biffé] *** me protégea encore contre les charmes de l'artificieuse
Pandora. ] |
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Notes : |
Transcription: |
Ligne 5 : Tokaï, vin de Hongrie, en général, blanc. Ligne 6 : Kreutzer ou Kreuzer ( de l’allemand « Kreuz », la croix), ancienne monnaie de cuivre de l’Autriche-Hongrie Ligne 7 : Wurschell, mot forgé par Gérard de Nerval, reflétant sans doute une prononciation viennoise, « une petite saucisse ». Ligne 14 : Une citation d’un conte fantastique d’Hoffmann dont l’œuvre a exercé sur Nerval une profonde influence. Nerval a traduit la première partie d’Aventures de la Nuit de la Saint-Sylvestre (1831) Ligne 16 : la taverne des chasseurs n’existe pas à Vienne. Mais elle se trouve à Berlin dans le récit d’Hoffmann. Ligne 17 : la "Parade nocturne"(où reviennent en rêve Napoléon et sa vieille armée) du poète autrichien Zedlitz (1790-1862) Ligne 192 : Richard Cœur de Lion, autre exilé que l’empereur (Sedaine et Grétry, Richard-Cœur-de Lion 1784) Ligne 21: les deux formes bayerisch et baierisch sont attestées Ligne 32 : « le Théâtre de Kärntnertor » est le grand opéra de Vienne Ligne 34 : Melle Jenny Lutzer (1816-1877) est une cantatrice viennoise Ligne 37 : le palais impérial (Hofburg) est depuis la fin du XIIIéme siècle la résidence des Habsbourg. Il est situé au centre de la ville Ligne 40 : Burg est l’abréviation de Hofburg. |
[Folio 6]
Me voilà libre. Je descends le faubourg en étudiant mon rôle que je tenais à la main. Je rencontrai Wahby la bohème, qui m'adressa un regard languissant et plein de reproches. — Je sentis le besoin d'aller diner à la Porte rouge et je m'inondai l'estomac d'un tokkai rouge [le plus, biffé] à trois kreutzer le verre, dont j'arrosai des cotelettes grillées [et, biffé], des Wurschell et un entremets d'escargots. Les boutiques illuminées regorgeaient de visiteuses et mille fanfreluches, bamboches et poupées de Nuremberg grimaçaient aux étalages accompagnés d'un concert enfantin de tambours de basque et de trompettes de fer blanc. « Diable de conseiller intime de sucre candi ! m'é criai-je en souvenir d'hoffinann — et je descendis rapide ment les degrés usés de la taverne des chasseurs.On chantait la Revue nocturne du poète Zedlitz. La grande ombre de l'Empereur [suit un mot biffé, illisible] planait sur l'assemblée joyeuse et [moi, biffé] je fredonnais [par, biffé] en moi-même : « O Richard ! » Une fille charmante m'apporta un verre de baierisch-bier et je n'osai l'embrasser parce que je songeais au rendez vous du lendemain. Je ne pouvais [un mot biffé, illisible] tenir en place. J'échappai à la [joie tumultueuse de la taverne et j'allai prendre mon café au Graben. En
traversant la place de Saint Étienne je fus reconnu par une bonne vieille décrotteuse qui me cria, selon son [usage, biffé] habitude : s.... n.. de D... ! seul mot français qu'elle eût retenu de [un mot biffé, illisible] l'invasion impériale. Cela me fit [songer à la représentation du soir, car autrement je serais allé m'incruster dans quelque stalle du théâtre de la porte de Carinthie, où j'avais l'usage d'admirer beaucoup Mlle Lutzer. Je me fis cirer, car la neige avait fort détérioré ma chaussure. Une bonne tasse de café me remit en état de me présenter au palais ; les rues étaient pleines de Lombards, de Bohèmes et de hongrois en costumes. Les diamans, les rubis et les opales étincelaient sur leurs poitrines et la plupart se dirigeaient vers la Burg pour aller présenter leurs hommages à la famille impériale. Je n'osai me mêler à cette foule étincelante, mais le souvenir chéri de l'autre [Sophie, biffé] *** me protégea encore contre les charmes de l'artificieuse Pandora. |
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