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Du rôle des collections | Archives privées
Historique | Les thèmes de collection des vieux papiers illustrent tous les aspects de l'histoire de la civilisation des XVIIIe et du XXe siècle. Dès 1792, des lois prescrivent le brûlement des titres féodaux. Ainsi la loi du 24 mai 1792 porte : « l'Assemblée nationale, considérant qu'il existe dans plusieurs dépôts publics (...) Des titres généalogiques qu'il serait dispendieux de conserver et qu'il est utile d'anéantir, décrète : tous les titres généalogiques qui se trouveront dans un dépôt public quel qu'il soit, seront brûlés. Le 17 juillet 1793 fut promulgué la loi qui, tout en supprimant sans indemnité, toutes redevances ci-devant seigneuriales et tous droits féodaux, même ceux qui avaient été conservés par le décret du 25 août 1792, ordonnait encore de brûler, le jour de la fête de du 10 août, tous les titres déposés, en vertu des lois nouvelles, aux greffes des municipalités : « ce qui seront convaincus d'avoir caché, soustrait, où recelé des minutes ou expédition des actes qui doivent être brûlés (...) Seront condamnés à cinq années… ». Ces mesures radicales étaient avant tout pour rendre définitif le projet égalitaire de la révolution. Dans un contexte totalement différent, mais avec une approche civique similaire, les vieux papiers modestes mais du plus grand nombre doivent être recensés et étudiés. |
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La Vicologie | Ainsi un thème a une place
essentielle, celui des territoires, lieu de naissance, de vie ou de
rêve. Pour une approche de la géographie historique des villages, des
quartiers, nous renvoyons aux préfaces des ouvrages publiés par Jacques
Clémens ou en collaboration dans la collection Mémoire en images,
édition Alan Sutton, et en particulier les monographies de
Madagascar, de Congo-Brazzaville. Cette approche est dans la tradition
de la « petite patrie » du 19e siècle, c'est-à-dire, une histoire locale avec
une dimension civique. La sauvegarde de la mémoire de la « petite patrie »
est subsidiaire de l'histoire nationale ou même de la grande république
occidentale révélée en 1849 par Auguste Comte (1798-1857). |
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Collection et culture matérielle | En 1919, en pleine guerre civile donc, Lénine signe le décret instituant l'Académie d'histoire de la culture matérielle d’U.R.S.S (Jean-Marie Pesez, 1978). Si « Le Capital » n’use pas du terme de « culture matérielle », l’œuvre de Marx invite à construire une histoire des conditions matérielles de l'évolution des sociétés. Certes si l’ histoire n'a pas ignoré la culture matérielle, elle ne lui a longtemps accordé qu'un intérêt limité. Son étude a été pendant longtemps abandonnée aux « érudits de province ». Il faut faire une place à part à l'Ecole des Annales (Marc Bloch et Lucien Febvre) et à l'oeuvre de Fernand Braudel. «La vie matérielle ce sont les hommes et les choses, les choses et les hommes». L’histoire de la culture matérielle ne se limite pas à l'histoire des techniques, et ne doit pas rester le domaine privilégié de l'archéologie. Ainsi par exemple pour l'histoire de la maison et du mobilier, il faut aussi des sources écrites. « L'histoire de la culture matérielle est-elle condamnée à n'être qu'une rhétorique de la curiosité ? peut-être, mais elle n'en n'apparaîtra pas pour autant moins nécessaire, car elle présente l'intérêt de réintroduire l'homme dans l'histoire, par le biais du vécu matériel » (Jean-Marie Pesez, 1978)
La culture matérielle et la nouvelle histoire (Jacques le Goff, 1978) |
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Collection et mentalités | Lucien Febvre, Marc Bloch, le Belge Henri Pirenne, le géographe A. Demangeon, du groupe qui inspira à partir de 1929, les Annales d'histoire économique et sociale, sont les pionniers de l'histoire des mentalités. C'est aussi une extraordinaire dilatation du « territoire de l'historien » (P.Nora, E. Leroy-Ladurie). En fait, depuis la fin des années 1960 ce territoire s'est étendu à tout ce qui est perceptible par l'observateur social, sans exception : la vie du travail, la famille, les âges de la vie, l'éducation, le sexe, la mort, c'est-à-dire les zones qui se trouvent aux frontières du biologique et du mental, de la nature et de la culture. Cette histoire est beaucoup plus sensible aux différences régionales qu'aux différences sociales. Découvrir, c'est d'abord comprendre une différence. L’histoire des mentalités est donc plutôt celle des mentalités d'autrefois des non actuelles, (Philippe Ariès, 1978) un exemple de cette approche : Jacques Clémens, Du troglodytisme à l'enfermement. Pour une nouvelle histoire des mentalités en Aquitaine, Fédération historique du sud-ouest Université de Bordeaux III, Bordeaux, 1998.
Histoire des mentalités et « nouvelle histoire » (Jacques Le Goff, 1978) |
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